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ne diffère pas beaucoup d’un homme parfaitement innocent.

Une des meilleures marques d’un véritable repentir, eſt l’aveu ingénu qu’on fait de ſes fautes ; c’eſt une eſpèce de dette que l’honnêteté exige de nous. Ce que cet aveu paroît avoir de mortifiant pour la vanité, eſt abondamment récompenſé par l’utilité qu’on tire des fautes dont on ſe repent. La douleur dont leur ſouvenir eſt accompagné, fait de ſi profondes impreſſions ſur l’eſprit d’un pénitent ſincère, qu’il eſt toujours le premier à s’accuſer & à ſe reprocher ſes foibleſſes. Il n’a pas beſoin de conſeils & d’exhortation ; il eſt guidé par l’idée de ſes péchés, & par-là, il découvre l’honnêteté qui fait la baſe de ſes ſentimens.

Il y a des gens qui ſoutiennent qu’il n’eſt point néceſſaire de confeſſer ouvertement ſes égaremens & ſes extravagances ; qu’il y a de la cruauté à exiger une telle confeſſion ; qu’il vaut mieux mourir que de s’y ſoumettre, & qu’une grande ame doit la craindre davantage que la mort même la plus affreuſe. Mais c’eſt une fauſſe magnanimité, s’il y en eu jamais. Toute mauvaiſe honte eſt une véritable poltronerie ; &, ſelon la maxime d’un excellent poëte, la véritable bravoure conſiſte dans la crainte d’une infamie