Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 3.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur malignité naturelle, diront que le pauvre Robinſon-Cruſoé s’eſt rendu coupable dans ſa conduite, de tant d’égaremens & de tant d’irrégularités, qu’il ne doit pas être dans les diſpoſitions néceſſaires pour traiter ce ſujet d’une manière convenable. Elles empoiſonneront mes inſtructions par le ſouvenir de mes fautes, & peut-être de mes infortunes, & ſe ligueront avec mes actions contre mes maximes. Mais qu’elles me permettent de leur dire que ces mêmes égaremens contribuent à me rendre propre à instruire les autres des moyens de s’en garantir, de la même manière qu’un homme qui ſort d’une maladie, devient en quelque ſorte médecin dans le même genre de maladie. Ajoutez que l’aveu de mes fautes, qui accompagne par-tout mes leçons, de ces fautes dont il a plu à la providence de me donner le tems & la force de me repentir, me met en état de recommander efficacement cette droiture de l’ame que j’appelle honnêteté, & de rectifier les idées de ceux qui la conçoivent de travers dans eux-mêmes, ou dans les autres. Que ces perſonnes apprennent que la malignité eſt une fort mauvaiſe règle de critique ; qu’ils deviennent plus équitables, & qu’ils imitent la divinité, au tribunal de laquelle celui qui ſe repent de ſes péchés ſincèrement,