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On me permettra, j’eſpère, de prendre cette expreſſion, non dans le ſens que lui donne le bel uſage, qui ne lui fait ſignifier qu’un certain ſavoir-vivre, une certaine politeſſe dans les manières, mais dans le ſens qu’elle a généralement dans les diſcours du peuple, qui oppoſe l’honnête homme au mal-honnête homme, ou bien au fripon. Mon but eſt de parler d’une manière ſimple & unie, & conforme à la vertu que je veux décrire, & dont l’eſſence conſiſte dans une ſimplicité parfaite & éloignée de toute affectation. Le haut-style n’eſt pas mon fait ; je ſuis accoutumé à une certaine diction populaire & commune, qui me rend d’autant plus propre à traiter cette matière d’une manière convenable.

Qu’on ne s’attende pas ici à des diſcuſſions ſcolaſtiques ; je n’examinerai point ſi l’honnêteté dont il s’agit ici, eſt une vertu naturelle ou acquiſe, accidentelle ou inhérente, ſi c’eſt une qualité ou une habitude. Ce ſont-là des diſtinctions vétilleuſes de l’école, plus propres à embrouiller une matière, qu’à l’éclaircir.

Mon deſſein n’eſt pas même de conſidérer cette vertu du côté des liaiſons qu’elle peut avoir avec ce que nous devons à la divinité. Il eſt ſûr que de ce côté-là tous les hommes ſont nés ſcélérats, voleurs, meurtriers ; il n’y a que la pro-