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tribunal ſubalterne d’équité. C’eſt le tribunal de la conſcience. Si quelqu’un a négligé de payer ces dettes que l’équité exige de lui, ſa conſcience dépoſe contre ſon injuſtice, le condamne à paſſer pour un mal-honnête homme dans ſon propre eſprit. S’il s’opiniâtre à refuſer ce paiement, elle redouble ſa ſévérité, & le déclare rebelle à la nature, ou coupable du crime de leze-conſcience.

Je me ſuis un peu étendu ſur ce ſujet, pour faire rentrer en eux-mêmes certains hommes, qui prennent hardiment le titre d’honnêtes gens, ſous prétexte qu’ils payent leurs dettes avec une exactitude ſcrupuleuſe, & que perſonne n’a pas un ſol à prétendre d’eux. Quoiqu’enfoncés dans une craſſe léſine, ils n’amaſſent que pour eux-mêmes, ils ne penſent pas ſeulement à la charité & à la bienfaiſance qu’ils doivent à tout le genre humain.

Les riches doivent être conſidérés comme les feudataires du ſeigneur de l’univers ; il leur a donné un fief libre avec tout ſon revenu, à condition ſeulement de payer une rente aux cadets de famille, c’eſt-à-dire, aux pauvres. Cette rente conſiſte en actes de charité & de généroſité ; & celui qui refuſe de la payer, ne mérite non plus le titre d’honnête homme, que celui qui fait une banqueroute frauduleuſe.