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cruautés imprudentes ſur notre propre corps, & de dompter nos penchans déréglés par la violence d’une auſtérité outrée.

Il eſt évident, par-là, que de chercher la ſolitude comme un théâtre de jeûnes & de macérations propres à dompter les deſirs criminels, eſt une méthode qui ne nous eſt pas enſeignée par la religion, bien loin de nous être ordonnée comme un moyen de faciliter la méditation & la prière. Si ces devoirs de la religion ne pouvoient pas être pratiqués d’une manière qui répondît à leur but, ſans renoncer à la ſociété humaine, il eſt certain que la vie de l’homme, qui a un beſoin ſi preſſant de cette ſociété, ſeroit extrêmement infortunée.

Heureuſement le contraire eſt d’une vérité inconteſtable ; on peut, avec le ſecours de la grace, jouir de toutes les parties qui entrent dans la compoſition d’une ſolitude parfaite, dans les villes les mieux peuplées, dans le tumulte des converſations ; au milieu du faîte de la cour, & même au milieu du bruit des armes : on en peut jouir avec le même calme qu’on cherche dans les ſables arides de la Lybie, & dans les forêts d’une île inhabitée.