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autre choſe à faire avec les hommes, que de recevoir d’eux les choſes qui lui ſont néceſſaires, & de leur en payer la valeur. Mais dans une vie errante au milieu des déſerts, de laquelle toute la dévotion monacale tire ſon origine, il falloit ſe donner la peine de chercher la nourriture chaque jour ; & excepté le cas où les anachorètes étoient favoriſés par la providence de quelque miracle, ils avoient aſſez de peine pour ſuſtenter leur miſérable vie : ſi nous en croyons leurs hiſtoires, pluſieurs d’entr’eux ſont morts de faim, & un plus grand nombre encore, de ſoif.

Ceux qui avoient recours à cette vie ſolitaire, uniquement pour mortifier leur chair, & pour ſe délivrer de la tentation où le monde nous expoſe, ſe ſervoient, comme je l’ai déjà obſervé, d’une meilleure raiſon que ceux qui prenoient pour motif de leur conduite, un dévouement abſolu à la prière & à la méditation. Les premiers pouvoient trouver des raiſons plauſibles dans leur tempérament. Il eſt certain qu’il y a des conſtitutions naturelles qui mènent tout droit au crime, ſi les efforts de la raiſon ne les en détournent, & qu’il y a peu d’hommes, de quelque heureux naturel qu’ils puiſſent être, qui n’aient pas à combattre quelque inclination favorite.

Mais il eſt certain auſſi que la religion chrétienne ne nous enſeigne nulle part d’exercer des