Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 3.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ſolitude où il eſt néceſſaire de s’inquiéter pour aller chercher une nourriture peu naturelle parmi les herbes des champs.

La retraite philoſophique eſt véritablement religieuſe & ouverte à tout le monde. Celui qui dit qu’il aime la ſolitude, mais que les embarras du monde l’empêchent d’en jouir, ſe trompe, ou nous veut tromper ; il peut s’en mettre en poſſeſſion, où, quand, & auſſi ſouvent qu’il le voudra, quels que puiſſent être ſon état & ſes occupations. Ce n’eſt pas le manque d’occaſions qui peut nous détourner d’une vie ſolitaire, c’eſt le manque de force d’eſprit.

Si la retraite, qu’on déſigne communément par le terme de ſolitude, conſiſtoit uniquement à éloigner ſon corps du commerce du monde, ce ſeroit peu de choſe ; & l’on pourroit y parvenir en quittant un lieu où l’on eſt connu, pour aller vivre dans un pays étranger, en s’y accoutumant à une vie retirée, ſans faire de nouvelles connoiſſances, & en ne fréquentant les hommes qu’autant qu’il ſeroit néceſſaire pour en tirer de quoi vivre. Un anachorète de cette eſpèce auroit même plus d’occaſions que l’habitant d’un déſert, de jouir d’une ſolitude véritable, & de la rapporter à ſon véritable but.

Dans la ſolitude dont je viens de parler, un homme poſſédant un bien très-médiocre, n’a