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angélique, dont j’ai joint une partie à cet ouvrage.

Il eſt très-naturel de croire qu’un homme ſi fort élevé au-deſſus des objets ordinaires de notre commerce, ne ſauroit former le moindre ſouhait d’en être éloigné ; il ſe trouve dans la ſolitude la plus grande qu’il eſt poſſible d’imaginer. Par conſéquent ne nous chagrinons jamais de l’impoſſibilité où nous croyons nous trouver, de nous ſéparer du monde ; apprenons à nous chercher une retraite au milieu du monde même, & nous y jouirons d’une ſolitude parfaite, plus convenable à nos véritables deſſeins, que celle qu’on trouveroit au haut d’une pyramide d’Égypte, ou du pic de Teneriffe.

Ceux qui ne ſont pas en état de ſe retirer de cette manière, doivent, pour trouver la ſolitude, non-ſeulement ſe ſéparer du monde, mais ſortir hors du monde ; leur mal eſt ſans remède.

L’homme eſt une créature tellement formée pour la ſociété, qu’on peut dire non-ſeulement qu’il ne lui eſt pas bon d’être ſeul, mais auſſi qu’il lui eſt impoſſible de l’être.

Il eſt certain que dans une vie aiſée, où il eſt facile de trouver les choſes néceſſaires à la ſubſistance, deſquelles les ſaints ne peuvent pas ſe paſſer, non plus que les autres, l’eſprit a plus de liberté pour ſe ſéparer du monde, que dans une