Par conſéquent, ſi vous voulez vous retirer du monde, retirez-vous dans le ſein d’une compagnie de gens de bien ; que votre retraite ſoit de bons livres & de bonnes penſées. Ces trois différentes retraites ſe donneront un ſecours mutuel pour faciliter les méditations de ceux qui veulent y mettre leur vertu à l’abri des tempêtes du monde ; elles rectifieront leurs idées, & affermiront leur courage contre les attaques de leurs ennemis de dedans & de dehors.
Se retirer du monde, dans le ſens ordinaire, c’eſt ſe retirer des gens de bien, qui ſont nos meilleurs amis : ſe retirer dans un déſert, c’eſt abandonner le culte public de la divinité, & l’aſſemblée des fidèles ; par conſéquent, c’eſt prendre un parti contraire à la pratique de pluſieurs devoirs que le chriſtianiſme nous impoſe.
J’en conclus que la ſolitude dans laquelle on prétend ſe jeter dans des vues philoſophiques & religieuſes, pour éviter le danger attaché au commerce des hommes, eſt, ou une erreur dans ceux qui ſe trompent eux-mêmes, ou une affectation dans ceux qui veulent en impoſer aux autres. Elle ne ſauroit jamais répondre aux vues où l’on ſemble la deſtiner, ni nous rendre plus propres, à nous acquitter des devoirs du chriſtianiſme ; elle eſt même réellement contraire au véritable eſprit de la religion.
