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avec ſon ennemi ; mais celui qui eſt en bonne compagnie, eſt toujours convaincu d’être parmi ſes amis.

Le commerce avec des perſonnes pieuſes eſt une exhortation perpétuelle à éviter le mal & à s’attacher à une vie régulière. On voit alors toute la beauté de la religion prendre, pour ainſi dire, un corps, en éclatant par les exemples ; ſa ſplendeur répand un jour perpétuel ſur la laideur du vice ; en excitant le penchant naturel que nous avons pour l’imitation, elle nous accoutume inſenſiblement à ſentir le plaiſir que l’habitude attache à la pratique de nos devoirs.

Dans une vie toute ſolitaire nous ſommes privés de tous ces ſecours ; il nous arrive quelquefois de nous conduire bien ou mal, comme il plaît à l’inconſtance de notre humeur, qui n’eſt que trop ſouvent le guide de nos actions & de nos penſées. Dans la ſolitude ce n’eſt que par notre propre force que nous reſſerrons dans certaines limites, nos penſées & nos actions ; rien ne nous ſoutient dans les efforts qu’il faut faire pour mortifier, ou pour guider nos deſirs ; nous ſommes obligés de tirer tout de nos propres réflexions, qui, privées des lumières d’un ami éclairé, peuvent nous égarer, & nous laiſſer emporter par la fougue de la paſſion, & par la violence du préjugé.