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ou en cherchant ſa retraite en lui-même ; il en peut jouir ſans aucune de ces formalités, de ces auſtérités, & de ces mortifications ſi édifiantes en apparence ; en un mot, ſans violenter la nature humaine.

Procurons-nous une ame véritablement retirée, une aſſiette d’eſprit élevée au deſſus du monde. Quand nous y ſommes parvenus, il dépend de nous d’être ſeuls autant de fois que nous le voulons, dans la compagnie la plus bruyante, & dans le plus grand tumulte des affaires. Si nous mettons nos penſées en liberté, ſi nous les dégageons du joug des paſſions, que nous importent les liaiſons où ſe trouve notre corps ? L’activité de l’ame n’eſt-elle pas indépendante du corps ; quand nous le voulons ; & le corps n’eſt-il pas eſclave de l’ame ? Le corps a-t-il des mains pour agir, des pieds pour marcher, une langue pour parler, indépendamment de l’entendement & de la volonté, qui ſont comme les députés de l’eſprit qui nous anime ? Tous les ſentimens, toutes les paſſions, qui poſsèdent, dirigent & agitent le corps, n’ont-ils pas leur séjour dans l’ame ? Tout ce que nous avons à faire par conſéquent, c’eſt de maintenir l’ame dans ſa ſouveraineté, qui n’a rien à démêler avec tel ou tel eſpace qu’occupe le corps. Les mains, les pieds, la langue, ne ſont non plus capables de troubler le