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paſſions en ſecret & dans la retraite ; tout ce que nous en communiquons aux autres, n’eſt que pour les porter à entrer dans les vues de nos deſirs.

Pourquoi donc ſe faire une idée affreuſe d’une vie paſſée dans le ſilence ? & quelle cauſe d’affliction à un homme, quand, par la voie de l’ame, il peut parler à dieu & à lui-même ? Un homme n’eſt jamais privé de l’agrément de la converſation quand il s’efforce d’être une bonne compagnie pour lui-même, & celui qui ne ſauroit entrer dans un agréable commerce avec ſon propre individu, eſt incapable de jouir comme il faut, du plaiſir de la ſociété.

Pour la ſolitude, entendue dans le ſens ordinaire, elle n’eſt, à mon avis, en aucune manière aſſortie à la vue d’un homme ſage, très-différente, à cet égard, de la ſolitude réelle & philoſophique. Les idées que j’ai de la ſolitude ſont fort éloignées de celles qui ont conduit les hommes des premiers ſiècles, & qui conduiſent encore pluſieurs de ceux qui vivent à préſent dans des déſerts, ou qui ſe renferment dans les cellules des monaſtères, pour ſe retirer du commerce du monde. Je ne vois pas, dans toutes ces retraites, une ombre de ce que j’appelle ſolitude ; elles ne répondent à aucune des vues d’une vie ſolitaire, bien loin de toucher au but