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poing pour nous amuser ; mais il ne voulut point souper avec nous. Il remit fort proprement son manteau & sa couronne dans sa poche, & se sauva de la ville.

On rit pendant quelque temps, à la cour, de cette aventure ; mais au bout de huit jours, les vivres commencèrent à renchérir considérablement, & les paysans qui venoient aux marchés, disoient qu’ils trouvoient toutes les terres ravagées à dix lieues à la ronde. Il étoit sur-tout impossible de trouver un seul petit pois dans les campagnes, & on se souvint que Fêlée avoit marqué une grande passion pour ce mets en présence du roi Dondin. Cela fit juger aux plus sages que c’étoit lui qui se vengeoit.

Quelques jours après, les conjectures se changèent en certitude, & nous vîmes arriver au pied de nos remparts une armée nombreuse de soldats, tous semblables aux trois étrangers que nous avions trouvés.

La crainte fut générale par toute la ville, qui manquoit de vivres, parce qu’on n’avoit point prévu cette guerre. Les repas ne pouvoient plus être qu’à cinq services chez la reine, & à trois ou quatre chez les particuliers ; on ne pouvoit plus aller montrer ses équipages dans les promenades qui sont hors de la ville ;