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sur la bosse, & une couronne qu’il mit sur sa tête, & dit d’un ton grave, en s’adressant à la reine : Madame, vos pages m’ont insulté ; mais je leur pardonne, parce qu’ils ignoroient mon rang. Je suis le roi Dondin, dont l’empire est à cinquante lieues d’ici, du côté du midi. Sur le bruit qui est venu jusqu’à moi des graces de la princesse Fêlée, je suis devenu amoureux d’elle. La vue de cette princesse confirme dans mon esprit l’opinion que j’en avois conçue, & augmente dans mon cœur l’amour que sa réputation y avoit fait naître. Je viens vous la demander en mariage.

Ce n’est point mal parler pour un bossu, dit la reine. Eh ! il est boiteux, ma mère, dit la princesse. Je ne m’étonne pas qu’il ait tant d’esprit. Dès que les dames de la cour virent que la reine vouloit se divertir aux dépens de l’étranger, chacune le fit pirouetter dans la salle. Ah dit le petit homme outré de colère, je jure que je me vengerai. J’ai cinquante mille homme qui ne sont pas éloignés, & je mettrai tout à feu & à sang, ou j’épouserai la princesse.

Eh bien, dit la reine d’un air tranquille, en attendant que vous troupes soient prêtes, allez souper à l’office, mes pages auront soin de vous. A ces mots, nous emmenâmes le petit monarque, en lui donnant quelques coups de