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prince de ne lui point parler Amazonien lorsqu’ils seroient en compagnie, ou de ne pas trouver mauvais s’il faisoit semblant de ne l’entendre pas. S’il paroissoit, lui dit-il, que je susse encore la langue d’Amazonie, cela seroit capable encore de me faire retourner dans le désert que nous quittons.

Lorsque l’on fut arrivé au palais du jeune sénateur Azinien, il s’y assembla nombreuse compagnie, & le souper, que l’on servit peu de temps après, fit voir à Prenany qu’il n’y avoit que les cuisiniers de savans impunément dans ce pays-là. Comme le prince n’entendoit rien à la conversation, il s’occupoit à réparer la diète qu’il avoit faite pendant trois jours, & buvoit fréquemment pour s’amuser. Il y avoit à table trois jeunes beautés que quelques jeunes seigneurs Aziniens avoient amenées, qui paroissoient de l’humeur la plus enjouée & la plus vive. Une d’elle surpassoit les autres en gaîté ; elle avoit les yeux vifs, les cheveux & les sourcils noirs comme du geai, & le visage peint à l’amazonnienne ; ce qui lui donnoit un petit air effronté dont tout le monde étoit charmé.

Elle avoit remarqué que Prenany parloit Amazonien ; elle savoit aussi cette langue en perfection ; elle lui fit signe de ne pas témoigner