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pouvoit plus serrer les lèvres pour souffler. Mais enfin, ayant repris son sérieux, il lâcha un second pois, & fut assez heureux pour crever tout à fait le bon œil de Solocule.

Aussi-tôt ce prince jeta des cris perçans ; Acariasta sa mère étoit au désespoir ; chacun s’empressoit à secourir le prince, dont l’œil saignoit fort. Prénany, fort content, se tenoit sur l’arbre, sans faire aucun bruit, & personne ne l’auroit apperçu, si, par malheur, sa poche n’eût été percée. Les pois qui étoient dedans, commencèrent à sortir par le trou, & à tomber sur toute la compagnie. Quelqu’un leva les yeux, & vit le pauvre Prenany perché sur l’arbre.

La reine ordonna aussi-tôt qu’on l’arrêtât, & Acariasta vouloit qu’on le fît mourir. Jugez de l’état dans lequel étoit la princesse Fêlée, en voyant son amant dans un si grand péril. Elle s’étoit évanouie cent fois dans des occasions moins importantes ; mais elle résista cette fois-là.

Les guerrières qui gardoient la reine voulurent monter sur l’arbre pour attraper le coupable ; mais elles avoient toutes de si grands paniers, qu’elles n’en purent venir à bout. On envoya chercher les pages de la chambres, qui y grimpèrent ; mais leurs efforts furent inutiles, parce que la forêt étant fort touffue, quand on