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qu’il vous aime, dit Prenany un peu rassuré. Vraiment cela est vrai, reprit la princesse ; il me l’a dit lui-même ; mais vous m’aimiez bien aussi. Oui, je vous le jure, dit le prince, & je crois que vous n’en doutez pas. Eh bien, dit la princesse, je n’aime que vous ; & pour vous le prouver, je demanderai à la reine qu’elle nous marie ensemble. Ah ! ne lui dites rien, repartit le prince avec vivacité ; ne découvrons notre amour à personne : on nous empêcheroit peut-être de nous aimer, & j’en mourrois de désespoir. Je n’en parlerai donc, dit Fêlée, que quand je serai plus grande ; mais, jusqu’à ce temps-là, ne m’abandonnez jamais. Je ne suis contente que quand je vous vois ; dès que vous paroissez, une douce volupté m’anime agréablement ; quand vous êtes près de moi, je voudrois m’approcher encore de vous. Une tristesse affreuse vient m’environner dès que vous vous éloignez de moi ; & pour obtenir de moi tout ce que j’ai de plus précieux, vous n’auriez qu’à me menacer de votre indifférence. Vous m’avez appris que c’étoit là de l’amour ; ne soyez plus jaloux, mon cher Prenany, car c’est pour vous seul que je ressens ces mouvemens qui me charment.

Prenany pensa expirer de joie en entendant ces paroles. Il tenoit une des mains de la prin-