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gazon ; mas il ne disoit mot, & se contentoit de la regarder.

Fêlée lui fit des reproches de son silence. Quoi ! lui dit-elle, ordinairement vous avez mille choses à me dire ; aujourd’hui vous rêvez, & gardez un silence qui m’étonne ? Avez vous quelque inquiétude, mon cher Prénany ? Dites-moi ce qui vous attriste. Je n’ai point de chagrin répondit le prince ; je songe seulement que je voudrois être fille pour que vous m’aimassiez d’avantage. Vous vous moquez, dit la princesse ; vous seriez aussi fille que ma gouvernante, que je ne vous en aimerois pas plus pour cela. Est-ce que l’on aime mieux les filles que les garçons ? Oui, sans doute, repartit le prince. Je suis persuadé, par exemple, que quand Solocule passoit pour une fille, vous l’aimiez plus que vous ne faites à présent. Oh ! je vous assure du contraire, reprit la princesse ; je le trouvois dans ce temps là encore moins spirituel qu’à présent. Il me tenoit sans cesse des discours auxquels je ne comprenois rien. Et quels étoient ces discours ? dit Prenany alarmé. Je ne sais, dit la princesse, si je les aurai retenus. Il me disoit que j’étois belle, mais qu’il n’auroit pas voulu être en ma place, à moins que ne n’eusse été à la sienne ; qu’il auroit voulu me confier un secret qu’il avoit, & qu’il auroit pourtant voulu