Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/463

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

craindre, il voulut faire son testament, quoiqu’il ne fût pas encore assez en péril pour y songer ; mais il aima mieux mettre ordre à ses affaires avant qu’on jugeât qu’il en fût temps, que de risquer à mourir sans cette consolation. Il fit donc son testament & plusieurs legs aux officiers de sa maison & aux pauvres. Depuis ce temps-là, son mal augmenta jusqu’à la mort, sans néanmoins altérer son jugement, ni changer en aucune sorte la fermeté qu’il avoit fait paroître toute sa vie. Se voyant à l’extrémité, voici les dernières paroles qu’il dit au prince : Vous voyez, mon fils, l’état où je suis ; profitez-en, & souvenez-vous éternellement de ce que vous devez aux dieux & à votre religion ; ne vous en éloignez jamais ; votre devoir & votre intérêt vous y obligent également. Celui-là n’est pas un homme, ou n’en mérite pas le nom, qui refuse ou qui néglige de donner son cœur aux dieux qui le comblent tous les jours de leurs biens, & qui, avec la même équité qu’ils punissent les méchans, récompensent les bons. Prenez-y garde, mon fils ; c’est la chose du monde la plus importante, & qui doit faire l’unique objet de vos désirs. Enfin connoissez le sang dont vous sortez, mais n’en abusez jamais. Chérissez ma mémoire, & les sentimens que j’ai pour vous en mourant. Adieu, mon fils ; adieu, encore une fois ; je vous souhaite toutes sortes de prospérités.