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convenoient à un garçon ; on lui choisit un appartement éloigné de celui de sa cousine ; & comme l’affaire avoit bien tourné, on donna une pension si considérable aux deux femmes de chambre dont la grossesse avoit révélé le secret, que les autres furent fâchées de n’avoir pas contribué à une si belle découverte.

Cette reconnoissance si intéressante fut un coup de foudre pour Prenany ; il s’aperçut que Solocule étoit amoureux de sa cousine. Tandis que ce prince passoit pour fille, son appartement étoit fort proche de celui de la jeune Fêlée. La familiarité qui règne entre deux jeunes parentes, les fréquens évanouissements de cette princesse, l’accident arrivé aux deux femmes de chambre, & mille autres idées qu’un amant se met ordinairement dans la tête, l’inquiétoient à mourir.

Il trouva enfin la princesse dans les jardins, & ses femmes s’étant écartées, il résolut de pénétrer ce qu’elle pensoit de Solocule, & de faire tous les efforts pour connoître s’il ne s’en étoit point fait aimer. Il aborda la princesse d’un air rêveur, & se promena quelque temps sans lui rien dire. La princesse crut qu’il parleroit étant assis : elle entra dans un cabinet de chevrefeuil, où Prenany se plaça auprès d’elle sur un lit de