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Les deux princesses, qui ne savoient pas cette nouvelle inclination, continuoient leur jalousie avec plus de violence que jamais ; enfin, ne pouvant plus se souffrir, elles voulurent décider, par le sort des armes, qui seroit la victorieuse. Elles se battirent, & se blessèrent si dangereusement, qu’elles moururent peu de jours après. C’est ainsi que leur jalousie, & le différent de leurs limites furent terminés. Les uns plaignoient leur destinée, & les autres les traitoient de folles, & s’en moquoient. Cependant le roi & le prince son fils en furent très-fachés ; ils leur firent faire des funérailles avec toute la pompe & la cérémonie qui étoient dues à leur naissance & à leur dignité.

Durant toutes ces choses, le prince de Sarendip ne laissoit pas de rendre tous les jours visite à Céline. Plus il la voyoit, plus il la trouvoit belle, & découvroit en elle de nouvelles perfections. Elle étoit d’une douceur charmante, & avoit beaucoup d’esprit & de jugement. Il en fit le portrait au roi, & lui témoigna le dessein qu’il avoit de l’épouser.

Comme ce prince ne l’avoit point encore vue, il la fit venir ; & après s’être entretenu quelque temps avec elle, il vit que tout ce que le prince son fils lui en avoit dit d’avantageux, étoit au dessous de ce qu’il en voyoit.