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une douleur inconcevable ; qu’elle ne haïssoit encore de lui que son crime ; mais que ce crime étoit tel, que son repentir n’en obtiendroit jamais le pardon. Il s’évanouit encore à ses pieds, & cet objet lui tira des larmes. Elle prit soin de le faire revenir, & sur ce qu’il lui reprocha la cruauté qu’elle avoit de le rappeler à la vie, que sa haîne lui rendoit insupportable, elle consentit enfin à lui pardonner, & à vouloir demeurer de ses amis, à condition qu’il achèveroit le mariage qu’il avoit signé. Il protesta qu’il n’en feroit rien ; mais elle voulut la chose si absolument, & lui en réitéra l’ordre tant de fois, & par elle-même, & par son amie, en lui disant qu’il y avoit de la gloire de ne pas donner sujet de dire qu’elle eût la foiblesse de chercher un vain triomphe, qu’elle l’obligea de se marier. Quoiqu’il ait pour sa femme toutes les honnêtetés imaginables, il ne laisse pas de regretter toujours ce qu’il a perdu. La belle veuve, qui, de son côté, a renoncé pour jamais au mariage, voit fort peu de monde ; & si l’on s’en doit rapporter aux apparences, on a lieu de croire qu’ils sont à plaindre tous deux.

Après que le nouvelliste eut achevé cette aventure, l’empereur Behram le loua fort sur sa manière de réciter. Il lui dit qu’il paroissoit