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à les unir, n’en seroit pas moins sincère, & qu’elle le verroit avec joie dans un établissement considérable, tandis qu’il la laisseroit en liberté de se donner tout entière à ses enfans.

Un procédé si honnête & si généreux redoubla l’amour du cavalier. Il rompit toutes les mesures que prenoit son père, & aima mieux renoncer à une fortune considérable qu’il lui assuroit, que de manquer à la belle veuve. L’obstination que ce père eut à ne lui donner que fort peu de chose pour sa dépense ordinaire, ne lui causa aucun embarras. La dame empêchoit qu’il ne souffrît de son avarice, & lui prêtoit de l’argent, pour lui faire faire une agréable figure. Comme il avoit du mérite, & que l’on savoit qu’il auroit un jour beaucoup de bien, les plus aimables personnes de la province n’eussent pas été fâchées de l’attirer, & une entre autres lui marqua des sentimens si favorables en plusieurs occasions, qu’on le fit apercevoir qu’ils ne lui déplaisoient pas. Elle avoit de quoi toucher un cœur qui n’auroit pas été prévenu ; mais celui du cavalier étoit trop rempli, pour recevoir des impressions nouvelles ; & s’il répondit civilement aux honnêtetés qu’elle avoit pour lui, ce fut sans lui témoigner plus que de l’estime. Il perdit