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la même précaution contre un jeune cavalier dont une de ses amies lui donna la connoissance. Il étoit bien fait, avoit de l’esprit, & ses manières étoient toutes propres à le faire recevoir agréablement par-tout. L’éloignement que bien des raisons lui faisoient avoir pour le mariage, fut cause qu’il vit cette aimable veuve assez indifféremment. Il avoit pour elle tous les sentimens de complaisance qu’on doit à une jolie personne qui a du mérite ; mais il ne faisoit aucune démarche qui fît paroître qu’il en eût le cœur touché. Il ne cherchoit point de temps favorable pour l’entretenir en particulier, & les soins qu’il lui rendoit lui devenoient d’autant moins suspects, que, n’étant point assidus, ils ne marquoient rien qui fût dangereux pour elle : d’ailleurs elle savoit que le cavalier dépendoit d’un père d’une humeur fâcheuse, & qui, quoique riche, étoit si avare, qu’il le mettoit hors d’état de faire des dépenses superflues. Ainsi, à moins d’un parti très-avantageux, on étoit persuadé qu’il n’eût pas souffert que son fils lui eût choisi une belle-fille, & la connoissance que l’on avoit de son caractère, étant pour la jeune veuve une nouvelle raison de ne rien craindre, elle n’entra dans aucune défiance de l’engagement où elle pouvoit tomber.

Un an se passa de cette sorte, & ce temps