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sonne ne lui avoit jamais résisté. Elle aimoit le plaisir, & le plaisir l’ennuyoit : quand elle étoit seule, elle vouloit compagnie ; & au milieu d’une fête, elle alloit dans les jardins, ou se retiroit dans son appartement. Elle aimoit naturellement à plaire, mais il n’étoit pas de son rang de se donner aucune peine pour y réussir.

Prenany trouvoit tous les charmes possibles dans cette aimable nonchalance, & suivoit sans cesse la Princesse. Tantôt il chantoit avec elle, tantôt ils jouoient ensemble à des jeux différens, & quelquefois ils s’amusoient à se regarder sans rien dire. Elle lui demandoit son avis sur tout ce qu’elle entreprenoit, parce qu’il étoit toujours de son sentiment. Quand Prenany quittoit la princesse, elle désiroit de le revoir ; & lorsqu’il étoit auprès d’elle, il étoit le seul qui ne l’ennuyât point.

Le jeune prince, que les Amazones les plus raffinées avoient pris soin d’élever, apprit à la princesse, que ce qu’il sentoit pour elle étoit de l’amour ; & en comparant leurs sentimens, Fêlée reconnut qu’elle l’aimoit aussi. Ils se gardèrent bien de résister à un penchant si flatteur : leurs cœurs, au contraire, se livrèrent entièrement à une passion si douce ; & le mystère qu’ils firent de la volupté dont ils jouissoient, marqua que leur amour étoit véritable.