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lui demanda s’il avoit vu la jeune veuve ; & sur la réponse qu’il lui fit, qu’il savoit trop bien aimer pour en avoir eu la pensée, elle tomba dans un tel étonnement, qu’elle demeura muette. Tout ce qu’il lui dit ne servit qu’à augmenter cet étonnement ; elle n’y comprenoit rien ; & comme il ne s’expliquoit pas nettement, parce qu’il croyoit être entendu après les lettres qu’il croyoit avoir d’elle, l’embarras de Léonice devenoit toujours plus grand. Elle ne fut éclaircie de rien, à cause de l’arrivée du rival, qui avoit été le sujet de leur rupture. La belle, qui devoit l’épouser dans quatre jours, lui fit des honnêtetés si obligeantes, qu’Almadore n’en put être le témoin. Il sortit désespéré, & dit seulement tout bas à Léonice, qu’elle auroit peut-être lieu de se repentir de sa tromperie. Une menace si brusque mit le comble à sa surprise. Elle crut qu’en changeant d’air, il avoit perdu d’esprit, & ne savoit à quoi attribuer un procédé qui lui paroissoit si extravagant. Il alla chez une personne par qui il pouvoit apprendre en quels termes Léonice étoit avec son rival. On lui dit que les articles étoient signés, & que le mariage se devoit faire au premier jour. Il ne comprenoit rien à une conduite si peu ordinaire. Léonice, dont les manière honnêtes étoient estimées de tout le