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que jugeant qu’un homme, qui n’étant encore que son amant vouloit l’obliger de se conformer à ses caprices, en useroit avec une autorité insupportable quand il seroit son époux, elle résolut de lui ôter toute l’espérance qu’il avoit conçue. Elle ne songeoit à se marier que pour être heureuse, & les reproches continuels qu’il prenoit déjà la liberté de lui faire, lui faisoient connoître que sa conduite, toute régulière qu’elle étoit, ne le satisferoit pas. Ce qu’elle avoit résolu fut exécuté ; & dès le premier démêlé qu’ils eurent, elle le pria de changer en amitié les sentimens qu’il avoit pour elle. Elle ajouta, que sur ce pied-là elle le verroit toujours avec plaisir, parce qu’elle avoit pour lui une véritable estime ; mais qu’après la connoissance qu’il lui avoit donnée de son caractère, il ne devoit pas attendre qu’elle s’aimât assez peu pour vouloir passer toute sa vie avec un homme dont l’humeur n’avoit aucun rapport à la sienne.

Almadore, surpris de ses paroles, fit tout ce qu’il put pour adoucir Léonice ; il employa son amie, & il n’y eut point de soumission qui ne fût mise en usage ; mais tous ses efforts furent inutiles ; elle demeura inébranlable, & il fut contraint de renoncer aux protestations qu’il avoit eues. Il alla s’en consoler chez la