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nany ; il tenoit d’elles les manières polies, sans être gênées ; les sentimens délicats, sans être brusques ; l’air aimable, sans être affecté : enfin, à dix-sept ans, il étoit assez formé pour niaiser tout un jour seul avec une femme, sans lui causer d’ennui & sans en recevoir.

Tant de belles qualités réunies dans la personne de ce prince lui avoient acquis le cœur de la jeune Fêlée. Dans l’enfance, c’étoit Prenany qui lui dénichoit des moineaux ; c’étoit lui qui cassoit les vîtres de l’appartement de la reine, en soufflant des pois avec sa sarbacane, & sans que l’on pût savoir d’où cela venoit, ce qui réjouissoit infiniment la princesse.

Dans un âge plus mûr, il s’étoit chargé du soin d’apprendre à danser au petit épagneul de Fêlée, & réussissoit à lui montrer mille tours d’adresse, sans le faire crier. Il excelloit à travailler en tapisserie, & avoit fait présent à la princesse d’une garniture de mules de point de chien, qu’il avoit faite lui-même, & dont rien n’égaloit la beauté.

Il n’est pas étonnant qu’un jeune homme aussi parfait se soit attiré toute l’estime d’une princesse aussi spirituelle que Fêlée. Cette jeune personne ayant été élevée dans une cour qui étoit le centre du bon goût & de la délicatesse,