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généreux, pour conserver sa gloire, & en même temps sortir d’embarras, il cèda toutes ses prétentions à son ami, & lui dit, d’une manière obligeante, qu’il avoit peine à se repentir d’un enlèvement dont il pouvoit tirer de grands avantages, puisque, dans la situation où étoient les choses, il n’y avoit qu’à bien ménager l’esprit du père, pour lui faire prendre une résolution favorable à son amour. En même temps il le pria d’aller préparer Banane à souffrir sa vue, afin que, l’ayant obligée à lui pardonner, il pût examiner avec eux ce qu’il seroit à propos de faire pour assurer leur bonheur. Banane, ravie de cet heureux changement, reçut le mandarin avec autant de joie & d’honnêteté qu’elle lui avoit d’abord marqué d’indignation. Il demeura deux jours dans cette maison, & le résultat du conseil qu’ils tinrent ensemble, fut que Polaure iroit à Pékin, & se prévaudroit de la disposition où il trouveroit le père. Il se fit mener chez lui par une personne qui pouvoit beaucoup sur son esprit, & tourna son compliment sur ce qu’étant toujours le même, il ne se pouvoit qu’il n’entrât sensiblement dans le déplaisir que lui causoit le malheur qui lui étoit arrivé. Le père s’emporta avec fureur contre le mandarin, protestant qu’il ne seroit jamais satisfait qu’il ne lui eût fait couper la tête. Il ajouta, qu’il re-