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lorsque son démon incube en ayant eu avis, lui fit mille reproches, & l’étrangla, lui disant qu’elle étoit à lui, puisqu’il l’avoit épousée. À l’égard de l’enfant, il ne lui fit rien d’abord ; il attendit qu’il fût plus grand, afin que sa conquête en fût plus belle. Et comme quelques années ensuite il se baignoit dans la mer, il l’enleva à la vue de plusieurs personnes qui s’y baignoient aussi. Voilà le sort malheureux de la mère & de l’enfant, qui nous apprend qu’il ne faut jamais avoir de commerce avec les démons, qui n’ont pour tout objet que la perte des personnes, & particulièrement de celles qui sont assez simples pour les croire. Fassent les dieux que l’horreur que j’en ai se répande sur toute la terre, & que ces malins & pernicieux esprits soient toujours renfermés dans les enfers, à souffrir non seulement tous les maux qui leur sont dus, mais encore tous ceux qu’ils veulent causer aux hommes, & qu’ils méritent eux-mêmes.

L’empereur Behram fut si content de toutes ces histoires, qu’il ne put s’empêcher d’en féliciter le nouvelliste, & de lui dire qu’il n’avoit jamais rien entendu de plus curieux. Comme il vit que cet homme étoit très-savant & plein de probité, il le prit à son service, & lui donna une pension considérable, afin qu’il pût vivre