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plus riches des environs ne manquèrent pas de se trouver à cette cérémonie. Quand elles furent toutes dans la salle, la prêtresse se mit au milieu des trois colonnes, & commença à invoquer le diable, en prononçant certaines paroles mystérieuses avec de grands hurlemens, & une agitation effroyable de tout son corps. Divers instruments de musique l’accompagnoient, avec des sons qui varioient selon la différence des esprits qui sembloient tour-à-tour la posséder. Enfin, lorsqu’on vint à jouer un certain air, sacré parmi eux, la dame se leva, prit un couteau, égorgea le cochon, & se jetant avec fureur sur la plaie de cet animal, but de son sang tout fumant encore. Alors elle fit des cris & des prophéties, en menaçant l’assemblée des plus cruels châtiments de la part du démon qui l’inspiroit, si tous les assistans ne lui donnoient ce qu’elle demandoit : de l’or, de l’argent, des joyaux, du riz, de la toile, tout lui étoit bon. Elle imprimoit tant de terreur parmi ces foibles esprits, qu’elle tiroit quelquefois jusqu’à la valeur de trois ou quatre cents écus. Cela dura quelque temps de cette manière ; mais un frère qu’elle avoit, étant nouvellement arrivé de Portugal, où il s’étoit fait chrétien, sachant la vie abominable de sa sœur, voulut l’en retirer. Elle étoit assez disposée à suivre son conseil,