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que mon mari trouvera bien le secret de le peser ; & la première fois que nous nous trouverons ensemble, j’espère de vous tirer d’erreur. En achevant ces mots, elle prit congé de son amie, & s’en retourna chez elle. Lorsqu’elle y fut arrivée, elle attendit avec impatience la nuit, parce qu’elle savoit qu’il n’y a point de temps plus favorable que celui-là pour savoir le secret de son mari. Étant au lit, elle commença à lui faire bien des amitiés ; & ensuite elle lui dit, en parlant du lion, qu’elle n’y connoissoit point d’autre défaut, si ce n’étoit que, comme il étoit d’or & d’un prix très-considérable, on n’en pouvoit point savoir la pesanteur, & par conséquent la valeur ; que cette chose étant un reproche qu’on feroit à l’ouvrage & à l’ouvrier, il falloit absolument y remédier, & trouver le moyen de le peser.

Ces paroles ayant donné quelque chagrin à l’orfèvre, tant parce que, découvrant le secret à sa femme, il appréhendoit qu’on ne sût un jour son larcin, que parce qu’en le lui cachant, il sembloit la mépriser : J’avois résolu, lui dit-il, de ne jamais dire ce secret à personne ; mais comme vous êtes ma femme, & que je vous aime de tout mon cœur, je ne veux point vous le cacher, espérant que vous n’en parlerez à qui que ce soit, d’autant que si on le savoit,