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animaux, loin de lui faire du mal, lui firent mille caresses. Ce bonheur fut suivi d’un autre qui n’étoit pas moins considérable ; car ayant levé une pierre qui bouchoit un trou qui donnoit dans le fossé du palais, elle s’enfuit par cet endroit, & marchant toute la nuit jusqu’au lever du soleil, elle arriva dans la maison d’un paysan qui gagnoit sa vie par le moyen d’un singe. Cet homme lui ayant demandé qui elle étoit, elle lui répondit qu’elle étoit une pauvre étrangère qui cherchoit un maître pour le servir : le paysan, la voyant presque toute nue, en eut compassion, & la prit à son service. Comme il découvroit de jour en jour beaucoup de mérite en elle, il l’adopta pour sa fille, & en eut fort grand soin.

Cependant le roi étant de retour dans sa ville capitale, & ne voyant plus dans son palais celle qui avoit fait le plaisir & le charme de son cœur, fut très-fâché d’avoir été la cause de sa perte. Son chagrin augmentoit sans cesse, & il en tomba si dangereusement malade, qu’on voyoit en lui tous les signes d’une véritable mort. Le bruit de sa maladie s’étant répandu par-tout, vint jusqu’aux oreilles de l’infortunée princesse, qui, sachant que son mal ne venoit que du regret de la cruauté qu’il avoit eue pour elle, dit au paysan, qu’elle