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madame, lui dit-il, d’essayer à faire un plus beau coup que le mien. À peine eut-il achevé ces mots, qu’elle tira une flèche à la corne de l’animal, qu’elle jeta par terre, & planta la seconde flèche dans le front de la femelle ; ensorte qu’elle ressembloit au mâle, & le mâle à la femelle, qui naturellement n’a point de corne.

Le roi considérant qu’après tant de succès de la part de la reine, il ne pouvoit plus lui refuser ce qu’elle demandoit, en fut très-chagrin, non-seulement parce qu’il jugeoit qu’elle avoit plus d’esprit & d’adresse que lui, mais encore parce qu’elle en tiroit vanité, & qu’il s’imagina qu’elle le méprisoit ; il résolut de s’en défaire à quelque prix que ce fût. Il ne lui en témoigna rien d’abord ; au contraire, il l’accabla de louange, afin de mieux cacher son dessein, & étant retourné sous ses pavillons, il ordonna secrètement à un de ses officiers d’entrer la nuit dans celui de la reine, & après s’en être saisi, de la mener en diligence dans son palais, & de la donner aux cent chiens qui le gardoient la nuit. Cet officier mena cette infortunée princesse dans la cour du palais, & l’ayant donnée aux chiens pour la dévorer, il s’en retourna aussi-tôt rendre compte au roi de ce qu’il venoit de faire. Mais le ciel protégea si bien cette princesse, que ces