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bien son malheur, lui coupa la tête, & la jeta dans le feu. Personne ne s’aperçut de toutes ces choses, & on dit que le perroquet étoit mort. Le lendemain on fit de grandes réjouissances pour les dames & les seigneurs de la cour ; ce ne fut, pendant huit jours, que bals, que festins, que tournois, que courses de bagues & de têtes, que combats de barrières & de chariots. Après toutes ces fêtes, le roi congédia ses trois autres femmes, qui avoient eu trop de complaisance pour l’usurpateur, & garda seulement celle-ci, qui étoit la fille de son oncle, laquelle avoit toujours conservé pour son mari beaucoup d’amour & de respect.

Dans ce temps, ce prince rendit un jugement fort juste & fort remarquable, touchant une affaire plaisante qui fut portée devant lui. Un jeune homme, amoureux d’une courtisane nommée Thonis, fut long-temps à la marchander inutilement. La belle se mettoit à un si haut prix, que l’amant n’y pouvant atteindre, n’en sut obtenir les bonnes grâces. Une rigueur semblable, & dont il n’y avoit peut-être point encore d’exemple, devoit l’obliger à fuir. La violence néanmoins de son amour ne lui permit pas de s’éloigner, & il resta quelque temps auprès d’elle, pour avoir du moins le plaisir de la voir. L’idée de cette