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qu’aux oreilles de la reine, qui s’imaginant que l’esprit du roi son mari avoit passé dans le corps de cet animal, fit venir aussi-tôt l’oiseleur avec le perroquet. Quand l’un & l’autre furent en sa présence, elle interrogea cet homme sur la capture & la vertu de cet animal ; il lui en rendit un compte fidèle, & elle lui dit, que s’il vouloit le lui vendre, elle le mettroit en état de n’avoir plus besoin d’aller chercher des oiseaux pour gagner sa vie, & qu’enfin elle lui feroit sa fortune. L’oiseleur lui répondit que le maître & le perroquet étoient à son service ; qu’il ne demandoit point d’autre récompense que de lui en faire le don, & qu’il préféreroit cet avantage à toutes les richesses du monde. La reine, surprise de voir tant de noblesse & de générosité dans un homme d’une si basse extraction, accepta son présent, & lui donna une pension considérable pour vivre honorablement le reste de ses jours.

Comme la cage du perroquet étoit des plus communes, cette princesse lui en fit faire une des plus belles. Elle étoit d’écaille de tortue, & sa garniture & ses auges étoient d’or. Elle la fit couvrir d’un pavillon de drap d’or, doublé de velours, afin de le tenir plus chaudement la nuit. Et pour empêcher qu’il ne s’ennuyât, elle le fit mettre dans un grand cabinet, dont la

muraille