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peine de lier son cheval, alla sur le corps mort du roi. Après y avoir dit les paroles du secret, il laissa son corps mort étendu à terre, & passa dans celui du roi. Alors il monta sur le cheval de ce prince, & s’en alla chercher sa suite ; mais ne la trouvant point, il s’en retourna dans la ville avec le corps & la forme de ce prince. Quand il fut arrivé au palais, il demanda à ceux de sa chasse des nouvelles du visir ; & comme on lui répondit qu’on ne l’avoit pas vu, il feignit de croire que s’étant écarté dans la forêt, quelque lion l’avoit dévoré, & affecta d’en être fort touché. Cette action étoit bien lâche, & comme un crime ouvre souvent le pas à un autre, il arriva que ce misérable étant en particulier avec trois femmes de son maître, il eut encore l’insolence de vouloir connoître celle qui étoit la fille de son oncle ; mais voyant qu’elle n’étoit pas caressée à la manière du roi, & sachant qu’il avoit le secret de faire passer son esprit dans le corps mort de quelque animal, joint que, depuis la chasse, le visir ne paroissoit plus, elle se douta de la tromperie, & du malheur qui étoit arrivé au roi son mari. C’est pourquoi, bien que le visir eût le corps & la figure de ce prince, elle ne voulut plus lui permettre la moindre privauté, & feignant de ne s’être point aperçue de cette tromperie : Sei-