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On entendit seulement crier l’enfant : on crut qu’il lui étoit arrivé quelque petit accident ; un des prêtres se leva pour y aller tâter (car il étoit impossible d’y voir) ; il rencontra quelque chose qui le fit tomber, il se cassa le nez ; & de peur de pis, il s’alla recoucher sans rien dire.

Le lendemain, quand on ne trouva plus le petit prince dans son berceau, la désolation fut générale par toute la ville. La reine fut si fort irritée contre les prêtres, qui n’avoient pas bien gardé son fils, qu’elle ordonna qu’ils fussent tous rasés l’un après l’autre. Cet arrêt terrible fut exécuté, & ces infortunés furent plus de six mois sans sortir, de peur d’être hués par le peuple, & il n’eurent jamais depuis les cheveux si beaux ni si crépus qu’ils les avoient auparavant.

Un seul de ces malheureux coupables échappa à ce supplice ; il avoit déjà la tête lavée, & le barbier alloit donner le premier coup de rasoir, quand il demanda à parler au roi & à la reine, & dit qu’il avoit un secret important à leur révéler. On le conduisit dans le grand salon du palais, où le roi & la reine étoient assis au milieu des principaux officiers de l’empire. La reine avoit un grand mouchoir à la main, dont elle essuyoit de temps en temps ses larmes. Le