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tant de rigueur ; il se contenta seulement de confisquer ses biens & de le chasser de ses états. C’étoit là une punition bien douce pour un crime si énorme ; mais il est quelquefois bon de pardonner, ou du moins d’adoucir le châtiment. Quant à la maîtresse de ce perfide, l’empereur la maria à un grand seigneur de sa cour, & lui fit des présens considérables, pour reconnoître le service qu’elle lui avoit rendu.

Après que l’empereur eut ainsi banni de son empire cet indigne visir, il vint trouver les jeunes princes, pour leur apprendre tout ce qui s’étoit passé au repas que ce perfide lui avoit donné ; & les remerciant de l’avoir, par leur conseil, délivré d’un si méchant homme ; il leur dit : Je ne doute pas, Messieurs, qu’ayant autant d’esprit & de prudence que vous en avez, vous ne trouviez un prompt remède pour m’ôter un chagrin qui me fait bien de la peine ; j’espère que vous ne me refuserez pas ce secours, m’ayant donné des preuves de votre savoir, & de votre affection dans une affaire où il s’agissoit de ma vie. Ces jeunes princes lui répondirent qu’il pouvoit compter sur eux, & qu’il n’y avoit rien au monde qu’ils ne fissent pour lui marquer le zèle qu’ils avoient pour son service. L’empereur, charmé de ces paroles, les