Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/263

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avoit gagné une grande bataille contre un puissant roi qui lui faisoit une guerre injuste, il crut être obligé de gratifier les principaux officiers de son armée par des pensions considérables, & de nouvelles dignités qu’il leur accorda. Il commença par son visir, à qui il fit un présent de grand prix ; ce qui donna occasion à ce scélérat de le convier à un fameux repas qu’il vouloit lui donner. L’empereur ne manqua pas de s’y rendre, & fut reçu au bruit des trompettes, des timbales, & des hauts-bois, qui faisoient une harmonie charmante. Le visir, pour mieux couvrir sa perfidie, lui fit, à son tour, de beaux présens, & ensuite l’empereur se mit à table, qui fut servie avec toute la délicatesse & toute la magnificence possibles. Une musique, pendant le festin, enlevoit tous les cœurs, & l’attention de tous les courtisans. Sur la fin du repas, le visir présenta lui-même à l’empereur la soucoupe d’or & la tasse de cristal dont nous avons parlé, laquelle étoit remplie d’un poison très-odoriférant ; & pour obliger ce prince à le prendre : Seigneur, lui dit-il, voici un breuvage, le plus exquis & le plus précieux qui soit au monde ; entre plusieurs vertus admirables qu’il a, il rafraîchit le foie, & chasse du cœur toute la bile qu’on pourroit avoir. L’empereur connoissant, aux marques de la