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narque. Si vous m’aviez, dit-il, prévenu de la veille, j’en aurois acheté un tout fait que je vous débiterons. Il y a bien des gens plus habiles que moi, qui ne font pas autrement ; pour à présent, cela m’est impossible. Mais faut-il ajouta le prince, que le discours soit long ? Il doit durer environ trois quarts d’heure, répondit le grand-prêtre. Trois quarts d’heure, s’écria le roi ; c’est de quoi faire mourir l’orateur & les auditeurs. Point du tout, dit un des prêtres ; nous aimons les harangues à la folie ; c’est un plaisir qui ne coûte rien. Mais, reprit le roi, ne peut-on pas faire faire ce discours par un autre ? J’ai peu de mémoire, & je n’ai jamais exercé mes poumons qu’à une chose qui ne fait point partie de l’éloquence (il vouloit dire à souffler des pois dans sa sarbacane) ; je voudrois qu’un autre haranguât pour moi.

Cela se peut, dit un des sénateurs ; pourvu que nous entendions un beau discours pendant près d’une heure, nous ferons contens. Aussi-tôt Savantivane qui avoit des discours tout prêts sur toutes sortes de sujets, demanda permission au roi d’entretenir la compagnie. Je vous en prie instamment, répondit aussi-tôt le prince ; vous ne sauriez me faire un plus grand plaisir. Dans le moment Savantivane étant monté sur les