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lui faire croire qu’il étoit le maître, pour agir elle-même à sa fantaisie.

Il est vrai que les unes & les autres de ces femmes se consoloient en secret avec un amant chéri, des travaux qu’elles entreprenoient, & des sacrifices qu’elles faisoient à l’intérêt. Mais enfin, cette conduite leur parut trop gênante ; elles s’emparèrent un jour de tous les trésors qu’elles purent emporter, s’embarquèrent sur le lac, & fondèrent sur le rivage opposé à Solinie la capitale d’un grand empire.

Lorsqu’elles eurent fondé Amazonie, elles consacrèrent cette ville à la lune, pour qui elles avoient tant de vénération, qu’elles ne se conduisoient que par ses influences ; on vivoit dans cette ville avec une somptuosité excessive. Solinie, qui étoit le centre des richesses, n’avoit rien de comparable à cette ville superbe, pour la beauté des palais, la richesse des ameublemens, & l’éclat des équipages. C’étoit, à la vérité, aux dépens des Soliniens que les Amazones entretenoient cette dépense ; mais ce n’étoit plus comme autrefois, par des complaisances étudiées & par des artifices qu’elles tiroient d’eux les moyens de fournir à tant de luxe. Les trésors de Solinie étoient pour elles un butin dont elles s’emparoient à force ouverte.