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Téméraires, leur dit-elle, arrêtez, & ne suivez pas plus loin un mortel à qui je veux donner un asile.

Ne plaise au ciel, répondit le maître des esclaves, que nous résistions à vos ordres ; quoique cet esclave soit coupable, nous le respectons, dès que vous vous déclarez son appui. En achevant ces mots, il se préparoit à se retirer ; mais la jeune Zaïde, ne me voyant point paroître, me chercha quelque temps des yeux, & se mit ensuite à répandre un torrent de larmes. Je t’ai donc perdu pour jamais, s’écria-t-elle, ô mon cher Bengib ! & je t’ai perdu par ma faute ! Si je m’étois contentée du bonheur dont nous jouissions ; si j’avois su mieux cacher ma tendresse, nous serions encore unis. Je ne te reverrai donc plus, & je suis moi-même la cause de ta perte & de mes regrets.

Ne vous accusez point vous-même de vos malheurs, répondit la fée, il est un destin suprême auquel les mortels ne peuvent résister ; les actions qui leur paroissent les plus indifférente ; servent à remplir ses desseins éternels ; c’est lui qui vous force de procurer à Bengib la liberté, pour qu’il puisse servir aux plus grands événemens.

Puisque Bengib doit vivre heureux, dit Zaïde, puisqu’il doit jouir d’un destin illustre,