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nouvelles marques de sa tendresse ; elle me consoloit, avec des graces charmantes, des malheurs qui suivent toujours la servitude, & ; les disgraces qui m’arrivaient étoient trop récompensées par les larmes de cette aimable fille. De mon côté, je n’avois d’autre objet que celui de lui plaire. Cette aventure me prouvoit son amour : on ne cherche pas à s’éclaircir de la fidélité d’un homme qui ne nous est pas cher. Ainsi, cette épreuve à laquelle elle avoit voulu mettre ma tendresse, me rendoit assuré de la sienne.

Nous vivions donc dans l’union la plus parfaite, & l’état dans lequel nous étions lui donnoit encore de nouvelles forces. Les gens heureux ne goûtent point si parfaitement les voluptés du véritable amour, que ceux qui sont dans l’infortune ; ils sont distraits par d’autres idées & par d’autres plaisirs. Mais ceux qui n’ont que leur cœur pour toute ressource, connoissent bien mieux le plaisir de ces mouvemens tendres qui l’occupent ; l’objet qui les aime est le seul bien qui leur reste ; ils ne sont attirés que par lui, & s’y livrent entièrement : la tristesse même attendrit l’ame, & la rend plus propre à goûter les charmes d’une passion si douce.

Dans le temps que je jouissois de cette félicité, Zaïde de m’aborda un jour que je travaillois