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Ce lac forme une espèce de mer, ayant plus de cent lieues de longueur, de l’orient au couchant, & plus de quatre-vingts lieues de largeur, du septentrion au midi.

Sur les bords de ce lac, du côté du nord, étoit autrefois une grande ville, nommée Solinie, dont les habitans adoroient le soleil ; de l’autre côté, au midi étoit la ville des Amazones, qui ne rendoient hommage qu’à la lune.

Ces deux différens peuples n’en avoient formé qu’un pendant long-temps ; mais la différence des caractères & des inclinaisons avoient enfin donné lieu à une rupture ouverte.

Les Soliniens étoient des gens austères, avares, & de mauvaise humeur, sur-tout quand les femmes leur demandoient à partager leurs trésors. Ils adoroient le soleil, parce qu’ils se figureoient que c’étoit lui qui produisoit l’or & les pierreries qu’ils recherchoient. Ils faisoient les plus grands éloges de cet astre ; ils le nommoient le pêre des fleurs & des fruits, & l’auteur de tous les trésors de l’univers ; ils disoient que la tête étoit de la couleur de l’or, le plus pur de tous les métaux, & dont la seule jouissance rendoit les mortels heureux.

La haîne que les Soliniens avoient conçue pour les Amazones, depuis leur rupture, s’étendoit jusqu’à la divinité qu’elles adoroient. Ils disoient