Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mante héroïne ; que je voye celle qui a vaincu avec tant de gloire ! Ah ! dit une des Amazones, vous ne pouvez la voir ; elle est victorieuse, mais elle est demeurée avec les vaincus, aussi bien que sa gouvernante. À ces mots, le visage de la reine changea tout d’un coup. Au reste, ajouta l’Amazone, elle ne court aucun danger ; car elle est avec les plus aimables femmes du monde, & qui paroissent d’une douceur & d’une modestie charmantes.

Quoi ! dit la reine d’un air étonné, vous appelez cela une victoire ? Ah ! grande lune, ma fille est captive ! Et vous, lâches sujettes, dit-elle en s’adressant aux Amazones, vous avez abandonné votre maîtresse ! Ne falloir-il pas mourir cent fois, plutôt que de la laisser entre nos ennemis ? Vraiment, répondit une Amazone, s’il n’eût fallu que périr pour la dégager, nous n’aurions pas ménagé notre vie ; mais on ne nous auroit pas tuées, on nous auroit seulement emmenées avec elle. Ne vaut-il pas mieux qu’elle soit restée toute seule, & que nous soyons venues vous dire de ses nouvelles, & vous apporter le tribut qui lui a été offert ?

Pendant ce discours, la reine regardoit ces malheureuses guerrières avec des yeux pleins de fureur. Vous périrez toutes, dit-elle, si vous ne me ramenez la princesse. Partez, & que je