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roi. Dès que cela est ainsi, répondit la reine, aussi-tôt qu’il fera de retour, je vous marierai avec lui. Depuis ce temps-là, j’étois dans une impatience mortelle de vous revoir.

Prenany ne trouva point étrange que Fêlée ne lui parlât point des plaisirs que Solocule lui avoit procurés avec sa vielle ; il savoit bien qu’il ne faut pas tout dire aux amans mais il fut frappé du dessein qu’elle témoignoit avoir d’imiter la reine sa mère. Quoi dit il, quand je ferai votre mari, vous comptez donc me faire enrager ? Ah ! répondit Fêlée, vous vous alarmez mal à propos ; je vous aime & je vous aimerai toujours ; mais ne falloit-il pas dire cela à la reine afin qu’elle me mariât bientôt ? Prenany fut plus charmé que jamais de l’esprit de Fêlée. Et en effet, on reconnoissoit dans tout ce qu’elle avoit raconté au prince, les traits de cette politique sage & éclairée dont il n’y a que les grands génies qui soient capables.

Le soir étant venu, la princesse, avec sa suite, revint au palais, dans le dessein de présenter à la reine Prenany & la jeune moresse, dont elle étoit enchantée, à cause de la nouveauté. La reine étoit occupée, avec les dames de sa cour, à un ouvrage de broderie, où chacune tâchoit