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marnes considérables aux environs. Celles qui viennent habiter ces lieux, ont gardé le célibat, ou sont demeurées veuves sans enfans : elles attirent auprès d’elles leurs neveux ou leurs autres parens, & leur promettent de leur laisser tout leur bien après leur mort ; & jusques-là elles les font travailler à cultiver leurs terres, & exigent d’eux toutes sortes de complaisances. Mais depuis six mois que je demeure parmi elles, j’ai vu souvent arriver qu’en mourant elles laissent ce qu’elles ont à leurs vieilles compagnes, pour qu’elles soient encore servies par ceux qui attendoient leur succession ; & ainsi ces pauvres paiens, après bien des travaux & de l’ennui, se trouvent avoir perdu leur temps & leur peine.

Ils sont bien dupes, dit Prenany ; pour moi, je les abandonnerois bien vite. C’est ce que ces jeunes gens sont quelquefois, reprit l’esclave ; mais dans le grand nombre elles en trouvent toujours assez pour les servir ; & lorsqu’on passé quelque temps avec elles, on a de la peine à les quitter, parce qu’on s’imagine toujours qu’il n’y a plus que peu de temps à attendre pour être riche. Pour moi, ajouta la négresse, elles me promettent de m’enrjchir après leur mort ; &, en revanche, elles me font enrager pendant leur vie ; mais si je savois