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gies éveille le plaisir qui ne va jamais sans la liberté ; tout s’anime, tout rit dans ces momens vifs. Il est impossible qu’un bel objet prenne alors son sérieux contre un homme aimable qu’elle a vu toute la journée ; les moindres saillies sont spirituelles, & tous les gestes sont galans. La fée ayant secoué au nez d’Agis son verre nouvellement rincé, il lui lança, avec le bout des doigts qu’il trempa dans le sien, quelques gouttes de vin de champagne, & lui essuya la gorge, moitié avec la main, moitié avec sa serviette, tandis qu’elle s’essuyoit le visage. S’étant avisée de le chatouiller pour le punir, il voulut avoir sa revanche, & leurs visages s’étant approchés à force de rire, la fée ne fit pas semblant d’en rien sentir.

Sans le joueur de flûte, qui étoit toujours assis au bout de la table sans dire mot, le jeune page imaginoit des malices bien plus jolies ; mais enfin il falut se séparer jusqu’au lendemain. Le page se retira dans la chambre où on le conduisit, & la fée dans l’appartement qu’elle occupoit ordinairement dans le château.

Agis fut quelque temps occupé des attraits de Cabrioline ; mais enfin le sommeil l’emporta sur l’amour, & il s’endormit. S’étant éveillé d’assez bonne heure le lendemain, il résolut