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Lodaï & je fis une ferme réſolution, que ſi je pouvois échapper à cet affreux danger, je ne m’y expoſerois plus, proteſtation des jeunes gens dans le péril, qu’ils oublient dès qu’il eſt paſſé. J’étois hors d’haleine ; cependant l’ennemi qui me ſuivoit, me gagnoit peu-à-peu ; le bruit qu’il faiſoit en ſe traînant après moi, frappoit déjà mes oreilles ; le ſifflement redoubloit ; j’étois à ma dernière heure, lorſqu’il parut au-deſſus de moi à quatre pas un autre animal d’une figure ſingulière & bien différente. Je jettai un cri horrible à cette nouvelle apparition ; & ne ſachant plus que faire, je me réfugiai dans un trou qui ſe trouva à ma gauche. L’effroi m’avoit troublé à un tel point, que me touchant de mes propres mains je crus que l’animal me ſaiſiſſoit : j’en frémis ; mais bien d’autres ſoins occupoient mon ennemi ; il étoit attaqué lui-même par un redoutable athtette, lequel, droit ſur ſes pieds de derrière, ſembloit attendre un moment favorable pour lui porter des coups aſſurés. Je vis le ſerpent ou ver ſe replier ſur lui-même, & s’allonger ſur ſon adverſaire avec autant de force, qu’un reſſort qui s’échappe. Sa gueule étoit ouverte & il ſortoit de ce redoutable gouffre une langue armée de trois crochets, dont la moindre des atteintes étoit capable d’attérer ſon